Strasbourg – Montpellier : l’échauffement…

Rédigé par Pierre.

IMG_3153                        La rivière de l’Ill traversant la petite France à Strasbourg

 

Jour 1 : 100km

Ca y est, c’est parti ! Nous sommes le mardi 3 juin 2014, il est 14h et nous nous lançons dans une traversée de la France de 1000km entre Strasbourg et Montpellier.
Le temps est radieux et nous quittons la capitale alsacienne à vive allure en longeant le canal de l’Ill, affluent du Rhin, jusqu’au niveau de Sélestat. Nous attaquons dès lors les premiers dénivelés dans les vignes alsaciennes entre Ribeauvillé et Riquewihr.

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                                                         Le vignoble alsacien

Le soleil entame sa lente descente, la température baisse, l’humidité augmente et nous roulons jusqu’à la tombée de la nuit puis plantons la tente à proximité d’un petit étang de pêche à Munster.
Cette première étape très agréable nous motive pour la suite du périple !

 

Jour 2 : 120km (de galère)
Nous sommes réveillés par un pêcheur visiblement assez matinal. Le temps d’avaler quelques calories et de remballer les affaires, nous impressionnons notre carpiste en lui signifiant que nous faisons route vers Montpellier !
Près de 2h de d’efforts tranquilles et les premières gouttes viennent nous caresser le front… Le ciel se fait de plus en plus menaçant puis en arrivant à proximité du Grand Ballon d’Alsace, au terme d’une ascension douloureuse, ce sont de véritables trombes d’eau qui s’abattent sur nous.
Nous ne prenons même pas le temps d’admirer le paysage que nous filons vers le village d’Oderen afin de chercher un abri et de quoi manger.

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                                                     Les Vosges et la pluie…
Nous avons beau attendre mais l’eau continue de tomber abondamment. Nous décidons de reprendre la route équipés de malheureux K-ways. Et c’est sur une nationale en côtoyant poids lourds et autres monstres des routes que nous roulons vers le théâtre populaire de Bussang. Plus nous nous enfonçons dans les Vosges plus la pluie s’intensifie.
Google Maps nous donne un raccourci pour rejoindre la Chapelle de Ronchamp mais nous tombons dans un cul-de-sac. Nos nerfs commencent à être mis à rude épreuve, nous faisons demi-tour et avalons 60 bornes comme des zombies.
Nous arrivons à la Colline Notre-Dame-du-Haut où une Chapelle – conçue par l’architecte Le Corbusier et complétée par Renzo Piano – trône majestueusement. La pluie a enfin cessé, l’endroit est calme et nous offre une jolie vue sur la campagne de Haute-Saône. Nous décidons d’y passer la nuit.

 

Jour 3 : 120km

Nous sommes réveillés par une salariée de ce lieu classé qui nous somme de quitter les lieux avant l’arrivée des touristes. Nous nous exécutons poliment et pédalons quelques heures à bonne allure jusqu’à Besançon à travers cette douce campagne. Quel changement alors que nous jouions des coudes avec les camions la veille !
Nous arrivons à Besançon et visitons le centre historique où siègent la maison natale de Victor Hugo et la citadelle conçu par Vauban.
Après une bonne heure de repos en haut de la citadelle, nous reprenons notre chemin vers Arc-et-Senans. Au bout de 40km, nous arrivons aux Salines Royales, la première « usine » au sens industriel du terme réalisée par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux sous Louis XV !

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 L’entrée des Salines Royales d’Arc-et-Senans

Nous plantons la tente à proximité de ce site exceptionnel et écrasons une bonne dizaine d’heures : le contrecoup de la veille…

 

Jour 4 : 120km
Nous pédalons nos premiers kilomètres sous un grand ciel bleu en passant par Mouchard, Arbois, Crotenay… Autant de petites bourgades calmes et paisibles autour desquelles nous prenons un réel plaisir à pédaler !

IMG_3211Arrivée au dessus du lac de Vouglans

Le relief est vallonné mais se corse dans l’après-midi, nous entrons dans le massif du Jura. S’en suivent cinquante kilomètres assez douloureux jusqu’à Oyonnax où nous dégustons une pizza bien méritée sur les hauteurs de cette ville de l’Ain décorée de la médaille de la Résistance en juin 1947.
Quelques coups de pédale de digestion et nous trouvons un champ un peu à l’écart pour y passer une douce nuit…

Jour 5 : 130km

Tout comme la veille, le temps est radieux. Les chemins sont par contre bien plus sinueux et pentus mais nous roulons avec une grande motivation afin de rattraper le retard que nous pensons avoir pris dans les Vosges. Les paysages ruraux et isolés nous donnent beaucoup de plaisir et d’énergie, oubliant complètement la fatigue accumulée des trois premiers jours. Il fait cependant de plus en plus chaud, les deux litres d’eau que nous transportons doivent être alors régulièrement renouvelés : à chaque village, nous scrutons la présence d’un robinet ou d’un restaurant pouvant nous ravitailler. A l’issu de cette belle, intense et chaude journée, nous nous jetons dans le lac de Paladru où nous passerons la nuit.

 

Jour 6 : 110km

Un départ à 11h n’est pas forcément propice à une grosse journée de vélo. Néanmoins, nous attaquons après une quarantaine de kilomètres l’entrée du massif du Vercors. Et nous nous souviendrons longtemps de cette ascension longue de 15km à raison d’une pente de 8% en moyenne.IMG_3222

                                    Entrée sportive dans le massif du Vercors

Nous viendrons au bout de ce défi après 3 bonnes heures de bataille… Mais le jeu en valait la chandelle, nous arrivons dans ce parc naturel absolument magnifique. Nous sommes subjugués par les paysages ! Nous roulons jusqu’au crépuscule vers Vassieux-en-Vercos, haut lieu de la Résistance française qui accueille notamment le mémorial de la Résistance du Vercors.
Nous roulons à la tombée de la nuit afin de trouver un endroit discret pour dormir. Discret… pas trop, nous plantons la tente à proximité du tunnel du Col de Rousset, n’ayant rien trouvé d’autre. Et au milieu de la nuit, un couple de cyclo-randonneurs suisses viendra planter sa tente à côté de la nôtre…

 

Jour 7 : 170km

Au lever du jour, nous comprenons mieux pourquoi nos deux acolytes suisses arrivèrent si tard dans la nuit : une descente de 25km nous attend (c’était leur montée).

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                                             La sortie de Vercors au petit matin…

Nous avalons ces lignes de bitume à grande vitesse avant d’arriver à Die où nous trouvons par miracle une boulangerie d’ouverte en ce lundi de Pentecôte…
Nous roulons une quarantaine de kilomètres et arrivons dans la Drôme provençale : les odeurs et les températures sont bien celles de la Provence… La lavande et les 40°C à la mi-journée… Depuis notre départ, nous n’avons pas du tout suivi la météo mais une bonne petite canicule se met en place au moment où nous arrivons dans la vallée du Rhône.
Et c’est probablement le plus dur passage de notre voyage… nous longeons le Rhône et ses centrales nucléaires sous un soleil de plomb et sommes obligés de nous arrêter régulièrement sous les ponts, à l’ombre. Jusqu’à ce qu’une patrouille de Police nous sommes de quitter les lieux, les quais appartiennent aux centrales, il nous est interdit d’y trainer…
Nous regagnons la route vers Bollène puis filons vers Orange et son théâtre antique. Après un ravitaillement au restaurant américain, nous pédalons vers les hauteurs d’Avignon où les parents d’une amie de Maxime nous offrent royalement le gîte (piscine, climatisation, draps propres…). Drôle de sensation que de retrouver un confort dont nous nous étions privés pendant une semaine…

 

Jour 8 : 40km

Après une bonne nuit de sommeil et un plouf matinal, nous enfourchons nos montures allégées de nos bagages pour visiter Avignon. La ville fortifiée protège le palais des Papes (Palais Vieux et Palais Neuf qui accueillirent six conclaves aux XIIIème et XIVème siècles) et laisse s’échapper en bordure le fameux pont d’Avignon ou Pont Saint-Bénézet.
A l’issue de cette journée de repos, nous chargeons nos fidèles bécanes et partons pour le Pont du Gard à quelques kilomètres de là. Nous arrivons en fin de journée dans cet endroit absolument splendide, parfaitement conservé où une quiétude et un calme règnent triomphalement. Nous dînons sur les rives du Gard à proximité de cet ouvrage mondialement connu puis hissons nos bardages sur une colline environnante. Nous passerons la nuit aux abords d’un chemin caillouteux, de quoi nous faire regretter notre précédente nuit…IMG_3262

Le Pont du Gard

Jour 9 : 80km

Au petit matin alors que l’air est encore respirable, nous filons vers la mer sur ce plat pays des Bouches-du-Rhône. Nous arrivons en fin de matinée à Aigues-Mortes, petite bourgade fortifiée de Camargue qui vit Saint-Louis partir depuis son port pour ses Croisades en Terre-Sainte. Nous bricolons ensuite un parasol avec notre tente et passons tranquillement la journée sur la plage avant de rejoindre une autre amie de Maxime sur Montpellier. Nous sommes chaleureusement reçus par ses parents et nous nous écrasons dans des lits bien douillets.IMG_3266

                                            Les fortifications de Aigues-Mortes

 

Jour 10 : 10km

Nous profitons de notre dernière journée avant notre retour en train pour visiter Montpellier. Nous nous promenons dans ces rues pittoresques, visitons le quatier Antigone du mégalomane Georges Frêche, l’aqueduc Saint-Clément, la place de la Comédie, la promenade du Peyrou…
Puis nous préparons nos affaires pour notre retour sur Paris qui s’annonce agité en raison d’une grève de la SNCF…

 

De ces dix jours, nous retiendrons avant tout l’aspect très montagneux ou vallonné (du moins) du relief français. Mais aussi, un sacré défi de 1000km relevé en 9 jours voire 8 !
Des humides monts vosgiens aux abruptes côtes du Vercors en passant par les interminables montées jurassiennes et une canicule sudiste, c’est un souvenir intense qui prépare psychologiquement Maxime pour son tour du monde et Pierre pour sa participation asiatique à ce périple !

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